Annuaire
professionnel

 Hébergements
en Guadeloupe

Location voitures
en Guadeloupe

 Carnaval
en Guadeloupe

Météo
en Guadeloupe

 Infos Pratiques
sur la Guadeloupe

   

Retour News

 

 


Et si la Guadeloupe passait à côté de centaines de millions d'euros d'aides européennes, à utiliser impérativement d'ici 3 ans ? Pour éviter ce scénario catastrophe, la préfecture tente de sensibiliser les collectivités locales mais aussi les investisseurs privés. Il en va du développement social, environnemental et économique de l'archipel.

En plein marasme économique, c'est ce qu'on appelle un joli cadeau alloué par l'Europe. Histoire de renforcer l'attractivité économique de la Guadeloupe et lui permettre de combler certains retards en matière d'infrastructures (routes, traitement des eaux), d'environnement (développement du tri sélectif, mise en place de filières de recyclages...) et de tourisme, des fonds s'élevant à plus de 850 millions d'euros ont été débloqués. « Ces subventions peuvent générer, de façon directe, 1, 5 milliard d'euros de travaux rien que pour la Guadeloupe. Compte tenu de la situation économique actuelle, ces fonds sont cruciaux pour le développement de notre région. C'est une chance de pouvoir en disposer » , souligne le préfet de région, Jean Fabre.

Sur le papier, le scénario a de quoi emballer. Sauf que dans la réalité, il semble y avoir un os. Et un gros! Ces subventions, appelées Feder , Feader, FSE ou encore FEP (lire ci-contre), peinent à trouver preneurs... Nul besoin de se voiler la face : les chiffres présentés jeudi lors d'un bilan de mi-parcours, dépeignent une situation désastreuse. « Au niveau des travaux programmés, nous avons utilisé l'enveloppe du FSE à hauteur de 56%, mais seulement à 25% pour le Feder et 26% pour le Feader. C'est très moyen » , a analysé le préfet de région, avant de mettre le doigt là où ça fait vraiment mal : « Au niveau du taux d'exécution des travaux, nous ne sommes qu'à 9% ou 10% en ce qui concerne le Feder. Là, c'est clairement insuffisant. »

Car voilà, ces aides, susceptibles de prendre en charge 80% du coût de certains projets capitaux pour l'avenir de l'archipel, ne sont malheureusement pas éternels. Attribuées pour la période 2007-2013, ils risquent même de disparaître avant d'avoir pu être utilisés... « Il ne nous reste plus que trois ans pour les consommer. Cela ne veut pas dire que ces fonds ne pourront pas être versés après cette date. Ça signifie juste que les travaux pouvant prétendre à ces aides, devront impérativement être terminés avant cette échéance » , a encore rappelé le préfet.

Compte à rebours lancé

Autant dire que le compte à rebours est lancé et qu'il y a désormais urgence à débuter les opérations. Faute de quoi, il ne restera aux Guadeloupéens, à leurs élus ainsi qu'aux décideurs économiques, que leurs yeux pour pleurer... C'est en substance le message que tentent de faire passer depuis jeudi la préfecture mais aussi des émissaires venus spécialement de Bruxelles, via la tenue d'un comité national de suivi sur l'utilisation de ces fonds. Suffisant pour provoquer un déclic ? « À l'issue de la première réunion, tout le monde (NDLR, élus locaux, représentants des conseils général et régional, responsables d'associations...) est d'accord pour donner un coup d'accélérateur. Maintenant, il s'agit de voir si ça va être suivi d'effets... Il faut susciter des projets, les faire remonter et d'assurer leur suivi. » Et sans perdre une minute!

- REPÈRES

Feder (Fonds européen de développemlent régional)

Pour la Guadeloupe, l'enveloppe octroyée s'élève à 542,7 millions d'euros. Ce fonds a pour vocation de financer des projets d'infrastructure (routes, traitement des sites pollués, alimentation en eau potable...), d'équipements (développement des technologies et de la communication, recherche, innovation...) mais aussi de soutenir des entreprises présentes dans des secteurs clés comme le tourisme.

Renseignements : Cellule Europe de la Préfecture, impasse Majoute à Basse Terre (Tél. 05 90 99 28 28).

Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural)

Ce fonds, qui dépasse les 138 millions d'euros, s'inscrit dans des financements publics qui au total dépassent pour la période 2007-2013 les 194 millions d'euros. Destinés à l'agriculture et à la gestion de l'environnement rural, ils visent à améliorer la formation et l'innovation, à promouvoir l'installation en agriculture, à moderniser les exploitations agricoles, à assurer la compétitivité des entreprises agro-alimentaires, à développer les filières de qualité ou encore à promouvoir le tourisme rural...

Renseignements : Direction de l'agriculture et de la forêt, implantée jardin botanique de Basse Terre . (Tél. 05 90 99 09 09 )

Fep (Fonds européen pour la pêche)

Plus de 5,2 millions d'euros sont disponibles afin de structurer la filière pêche, développer les économies d'énergies, préserver ou développer les ressources mais aussi soutenir les très petites entreprises... À noter que ces aides peuvent financer à 100% certains investissements tels que le développement d'une activité complémentaire à l'activité de la pêche.

Renseignement : Direction des affaires maritimes, 20 rue Henry-Becquerel , à Jarry. (Tél. 05 9041 95 50 )

FSE (Fonds social européen)

FSE (ou fonds social européen). Plus de 185 millions ont été débloqués à la Guadeloupe, en vue d'améliorer sa compétitivité et son intégration au sein des économies régionale, nationale et européenne. Quatre axes ont été retenus : l'amélioration et le développement de l'accès à l'emploi, la valorisation des ressources humaines, la lutte contre les discriminations, l'accompagnement vers l'emploi et la formation pour l'île de Saint-Martin.

Renseignement : Direction du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle de Bisdary Gourbeyre (Tél. 05 90 80 50 85).

- À qui la faute ?

Le constat dressé, jeudi, lors du comité national de suivi des fonds européens en Guadeloupe, ne cherchait pas à distribuer de mauvais points aux collectivités locales ni même à stigmatiser toute une région. L'objectif ? Tirer un bilan à mi-parcours, et tenter de comprendre ce qui pouvait clocher, afin de corriger le tir avant qu'il ne soit trop tard. Apparemment, si les crédits proposés par l'Europe peinent à être utilisés, ce serait aussi parce que la constitution des dossiers permettant à prétendre à ces aides serait longue, technique et compliquée... Un message entendu par la préfecture, à qui ces fonds sont mis à disposition et qui est mandatée pour les gérer : « Il semble qu'on ne trouve pas toujours l'ingénierie nécessaire pour monter ces dossiers. » Qu'à cela ne tienne... « Une cellule d'appui est mise en place pour les communes, afin d'accélérer le montage. C'était jusqu'à présent une faille du système » , a reconnu le préfet, Jean Fabre, non sans se montrer catégorique sur un point : ce n'est pas parce qu'il y a aujourd'hui urgence à consommer ces subventions européennes que les fonds seront attribués à n'importe quel titre. « Il reste de l'argent. Pour autant, il va maintenant falloir jouer serré. Comme le temps est compté, nous avons tout intérêt à être sûr de nos choix. Des arbitrages seront probablement nécessaires pour savoir quels projets pourront être réalisés à temps. Avant d'engager ces fonds, il nous faudra analyser la fiabilité du dossier et étudier sa faisabilité. »

- Des aides pour qui ou pour quoi faire ?

Doper la compétitivité et l'attractivité économique. Améliorer la qualité de l'environnement en s'intéressant à la gestion des déchets, de l'eau de l'assainissement ou encore en misant sur les énergies renouvelables. Ou encore oeuvrer pour la cohésion sociale et territoriale en améliorant l'accès à l'emploi, en valorisant les ressources humaines, et même en mettant sur pied une réelle politique de transports urbains et interurbains dans l'optique « d'améliorer l'accessibilité du territoire et lutter contre le désenclavement. » Les pistes retenues par l'Europe, à travers les fonds qu'elle attribue à l'archipel, sont à la hauteur des enjeux socio-économiques. Bien évidemment, les collectivités locales sont par définition de grandes consommatrices de ces aides. Pour autant, des investisseurs privés et professionnels (pêcheurs, agriculteurs...) peuvent également bénéficier de ces importants coups de pouce, à la condition de développer un projet structurant pour la Guadeloupe. « Actuellement, une vingtaine d'entreprises locales ont engagé des opérations grâce aux fonds européens » , glisse le préfet.

TÉMOIGNAGE

- Armand Perianin, producteur de dictame : « Nous avons passé un cap avec les fonds européens »

Avec les fonds européens, Armand Périanin a pu s'acheter un mélangeur, un système d'ensachage et une soudeuse. (Roberto BIRHUS)

Armand Périanin produit de la dictame depuis plus de 30 ans. Sur son exploitation, située à Daubin/Petit-Bourg, il fabrique 100 kg par jour sur trois mois (de février à fin avril) et il a une capacité de 10 tonnes par an. Son hangar se trouve, à Sainte-Marie, à Capesterre-Belle-Eau. Pour le moment, il fabrique 4 tonnes qui sont vendus dans les pharmacies de la place.

Sur fonds propres pendant 20 ans

L'idée, il l'a depuis son adolescence, lorsqu'il s'est rendu compte que sa mère avait stocké de la dictame, qu'elle avait produit, dans un sachet, et qu'elle l'avait conservé pendant 15 ans. Il a commencé à produire sa dictame avec comme équipement les robots ménagers de sa mère, de sa soeur, de sa tante qu'il a très vite endommagés. Il a alors effectué un voyage d'études en Colombie, à ses frais, pour apprendre à extraire convenablement la dictame et en ramène des idées pour sa première machine, qu'il fait construire à Montpellier. Il comprend qu'il a raison de persévérer lorsque, dans les années 1980, le docteur Henry Joseph l'encourage dans son projet.

Mais pendant 20 ans, Armand Périanin a dû travailler avec ses fonds propres et a utilisé les bénéfices des autres productions de son exploitation (il cultive de la banane plantain et de l'ananas sur dix hectares) pour évoluer dans la filière. Jusqu'à ce que la chambre d'agriculture l'informe qu'il pouvait bénéficier de fonds européens. « De l'an 2000 à aujourd'hui, nous avons fait un bond considérable avec les fonds européens. Ils nous ont permis d'améliorer la productivité de dictame. » Le conseil régional a aussi participé à la gestion de cette industrie, en attribuant des subventions à hauteur de 25%. Depuis, elles ont été réduites entre 10 à 15% et le reste des fonds sont avancés par Armand Périanin, grâce à des fonds propres et des compléments de prêts.

Son exploitation de dictame, comme celles d'autres agriculteurs, a reçu la visite, hier matin et après-midi, de la commission nationale de suivi des fonds européens, composée d'un représentant de la commission européenne, d'un représentant du ministère de l'Outremer, du ministère de l'agriculture, d'un membre du personnel de la direction de l'Agricuture et du conseil régional, etc. Cette commission est chargé de vérifier si les cahiers de charge sont respectés et si la production est conforme aux modalités exigées par l'Union européenne.

- Un complément alimentaire

La dictame est un complément alimentaire, une fécule extraite des rhizomes d'une plante de la famille des Marantacées dont le nom scientifique est Maranta arundinacea. Originaire d'Amérique du sud, il entrait dans la nourriture des Caraïbes et des Arawaks qui l'appelaient respectivement Aticone et Aru Aru. Très digeste, dépourvue de gluten, il peut se mélanger à toutes les boissons chaudes ou froides une fois cuite (eau, jus, soupe, tisane). La dictame peut aussi servir comme base pour la fabrication d'aliments solides (crèpes, biscuits, gâteaux).

France-Antilles 20101018